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Des partenariats rééquilibrés pour assurer la transition climatique

En coordination avec nos partenaires européens, nous défendrons nos intérêts et nos valeurs en cherchant constamment à limiter les tensions en inscrivant nos relations dans le cadre d’un multilatéralisme rénové intégrant les contraintes écologiques, les valeurs démocratiques et le respect des droits sociaux et humains.

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L'Union européenne doit s'affirmer et s'afficher unie. guillemets

Yannick Jadot, le 24 février 2022

Renouer les liens entre les deux rives de la Méditerranée

Des liens historiques, commerciaux et culturels unissent depuis des millénaires les deux rives de la Méditerranée. Au cours des dernières décennies cependant, cette mer est devenue une barrière de plus en plus infranchissable.

Nous inverserons cette tendance en sortant des logiques post-coloniales, en développant un dialogue, respectueux et coopératif, entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée occidentale, sans négliger les questions difficiles, pour promouvoir la paix, la réduction des inégalités, la transition écologique et la protection des biens communs.

Nous privilégierons pour cela le format « 5+5 » - Espagne, France, Italie, Malte, Portugal, Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie -, qui est le plus adapté aux réalités de la région, et organiserons dans ce cadre un sommet des chefs d’État et de gouvernement, dès 2023.

Sahel : européaniser nos modes d’action et mettre l’accent sur le développement

Nous renforcerons la coopération avec nos partenaires africains afin qu’ils puissent prendre en charge la gestion de la sécurité de leur continent, dont ils doivent être les premiers garants, en clarifiant les conditions de notre appui. Parallèlement, une présidence écologiste renforcera “l’européanisation” de Barkhane et de l’ensemble des outils de notre coopération militaire, y compris les bases de nos forces prépositionnées, pour impliquer davantage nos partenaires dans la stabilisation du Sahel.

Cependant il ne sera possible de sortir durablement de la crise actuelle qu'en replaçant le développement économique et social, la lutte contre la corruption, le retour de l’État de droit et l’accès aux services de base au centre des stratégies de stabilisation de la région. La France doit impérativement faire évoluer son approche, aujourd'hui trop centrée sur le militaire, pour aider à mieux répondre aux besoins immédiats des populations par une meilleure coordination de l’aide internationale et la prise en compte des dynamiques sociales locales.

Stabiliser les relations avec la Russie

La politique agressive de la Russie suscite, à nos portes, des inquiétudes majeures en Europe. La sécurité des Européens et Européennes, ne peut être déléguée à d’autres : c’est à nous de nous protéger efficacement des actions et des menaces de Vladimir Poutine tout en trouvant un modus vivendi durable avec ce grand voisin.

Il nous faudra prendre en compte à la fois les craintes de la Russie, et le strict respect de l’indépendance et des aspirations des pays d’Europe centrale et orientale. Nous réduirons la dépendance de l’Europe aux exportations de gaz russe et nous nous opposerons au projet Nord Stream 2 qui vise également à contourner l’Ukraine et à affaiblir sa souveraineté.

Tout en s’élevant sans faiblesse face aux ingérences et aux tentatives de déstabilisation du pouvoir russe, la France proposera à ses partenaires européens d’œuvrer sans délai à la définition d’un cadre de relations stable et pérenne avec la Russie permettant de développer à nouveau les échanges et les coopérations au bénéfice des populations.

Briser le cercle vicieux des relations entre l’Europe et la Turquie

Le double langage des Européens, et notamment des gouvernements français, vis-à-vis de la Turquie, candidate à l’adhésion à l’Union européenne depuis… 1987 et la montée des mouvements hostiles à l’islam en Europe ont en retour nourri la montée de l’intégrisme islamiste en Turquie et le retour à un nationalisme et un impérialisme agressif. Il faut d’urgence briser ce cercle vicieux et trouver un modus vivendi avec notre grand voisin turc.

Tout en s’opposant fermement à toutes les initiatives conflictuelles de la Turquie en Méditerranée orientale, à Chypre, en Libye ou ailleurs et en défendant les droits humains en Turquie, la France proposera à ses partenaires européens d’établir avec la Turquie un partenariat d’association particulièrement étroite, en approfondissant en particulier l’Union douanière.

Chine : trouver le juste équilibre

La Chine cherche à étendre son influence au-delà de son étranger proche, notamment en Afrique, et inquiète donc le reste du monde. Sa puissance économique est mise au service de ses objectifs géopolitiques et de l’exportation de son modèle politique.

Elle s’affirme par son entrisme dans les institutions internationales, sa volonté de consolider son intégrité territoriale et de réunifier la Chine, la montée en puissance de son armée, le déploiement des “nouvelles routes de la soie” quitte à accroître l’endettement des pays concernés.

Il conviendra, pour la France et l’Union européenne, de trouver un juste équilibre entre d’une part la défense sans concession de nos intérêts (diplomatiques, militaires, commerciaux) et de nos valeurs, et d’autre part la recherche d’un dialogue permettant de faire avancer les sujets d’intérêt commun, et notamment la lutte contre le changement climatique.

Nous défendrons un multilatéralisme ancré dans les principes démocratiques et le respect des droits humains.